Le loto fait tourner la tête de plus d’un gagnant, seulement, une fois le choc annoncé et la somme empochée, cet afflux soudain d’argent engendre certains problèmes.

 

    En effet, le gain éloigne le gagnant de ses proches car il rend la personne différente de son groupe d’appartenance. Ce qui fait ressortir une certaine solitude qu’il n’éprouvait pas auparavant. Le gagnant se met à douter de la sincérité et de l’affection de ces proches «La distance. C'est comme si, en ayant gagné, j'avais appris à mesurer ce qui me sépare des autres, et que je voyais mieux, maintenant, entre nous la distance."

Jours de chance

 

Mais ce gain peut par ailleurs, faire ressurgir des conflits ou des tensions ressenties bien avant de gagner. La hiérarchie familiale peut alors être bouleversée: celui qui possède l'argent pouvant apparaitre comme détenteur de l'autorité. Cela peut "éveiller des ressentiments, des rancœurs, voir des haines...et susciter l'extériorisation des sentiments refoulés."

Les millionnaires de la chance, Monique et Michel Pinçon-Charlot 

 

"Dans la famille, ils ont toujours l'impression qu'on ne leur en donne pas assez qu'on ne pense pas à eux et qu'on est devenu égoïste."

Ce qui a pour conséquence de fragiliser l’individu dans son groupe d’appartenance. C’est à dire de l’affaiblir dans le groupe dont il fait partie.

Avec l’argent qu’il a gagné l’individu va vouloir s’intégrer dans un nouveau groupe social, avec d’autres normes et valeurs afin de vivre cette vie de « nouveau riche » comme s’il l’avait toujours été. Seulement entrer dans un nouveau groupe social très différent du sien est compliqué. De plus, il arrive que, parce qu’ils évoluent dans un nouvel environnement, les gagnants apparaissent et se représentent comme des traites à leurs milieu d’origine. A cela peut s’ajouter la méconnaissance des codes du nouveau milieu ce qui entraine chez le nouveau riche une situation d’inconfort entre deux classes sociales. En effet, le gagnant ne peut plus appartenir à son milieu d'origine car il possède la richesse matérielle mais il ne peut pas accéder aux classes sociales supérieures car, faute de temps, ils n'en possèdent pas la culture. Il se sent alors déraciné et en perte de repères.

Ce déchirement provoque un mal être car «Devenir millionnaire par un coup du sort est souvent un parcours semé d’embuches. Ce n’est qu’au terme d’un processus d’appropriation du gain que l’argent fini par faire le bonheur » d’après Xavier Molénat.

Même s’il faut du temps pour atteindre un bonheur, l’argent peut mener au malheur comme l’illustre Jean de la Fontaine et Grégoire Delacourt dans La liste de mes envies.

 

 

Dans la fable « Le Savetier et le Financier », De la Fontaine cherche à prouver que l’argent ne fais pas le bonheur et que bien au contraire, apporte le malheur. Présentée comme une comédie, la fable met en avant deux personnages de milieux sociaux différents. L’un est Savetier, il gagne son argent à la sueur de son front et son métier lui rapporte peu. Son langage populaire et sa réaction naïve prouve qu’il appartient à un milieu populaire. Le second, le financier prouve à travers des phrases claires et un ton hautain qu’il appartient à un milieu aisé et qu’il est riche. Le savetier, homme heureux et « gaillard » est l’opposé («au contraire » v. 5 ) du financier, qui trop occupé par son argent, a perdu la joie de vivre.

Un beau jour, comme s’il gagnait au loto, le savetier reçoit du financier une fortune qu’il considère comme « tout l’argent de la terre » (v.34). Mais après avoir reçu cet argent, le savetier perd sa tranquillité, son sommeil et son bonheur. La morale prend tout son sens à travers le dernier vers, quand le savetier dis au financier « Rendez-moi, lui dit-il, mes chansons et mon somme et reprenez vos cent écus. »

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Dans le livre La liste de mes envies, Joceline, la protagoniste ne souhaite pas changer une seule chose de son mode de vie après avoir gagné au loto car elle aime sa vie comme elle est. Cependant, l’argent qu’elle gagne va tout de même éteindre son bonheur à la fin. Car sa vie va être totalement détruite.

Dans le film « Les tuche », d’Olivier Baroux, la famille reste heureuse du début jusqu’à la fin même après avoir gagné au loto.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Pour certain, cet argent gagné si facilement peut sembler non mérité car il n'est pas issu du travail "c'est la dérision du travail, du labeur patient et acharné, de l'épargne, des privations consenties en vue de l'avenir."

La Fontaine ne contredit pas ce fait. Il soumet à travers la fable « Le laboureur et ses enfants » que l’argent gagné par le travail et l’effort est un trésor  "mais le père fut sage de leur montrer, avant sa mort, que l'argent est un trésor".

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Pour conclure, chez certaine personne, le gain apporte de nombreux problèmes relationnel, amicaux et familiaux, qui peuvent amener « l’heureux gagnant » à se détacher ou s’éloigner de son groupe de référence. Ce qui l’installe dans une situation d’inconfort face aux personnes qu’il côtoie lié à la honte d’avoir gagné et un doute de la sincérité des personnes.  Ce sont alors les relations qui changent « parce que, quand on a de l’argent, soudain on vous aime » (La liste de mes envies )mais aussi l’identification à un groupe social. Certain repères sont perdu et il est difficile de se fondre dans la masse une fois que le gain les a déracinés. L’argent peut dans ce cas enlever un bonheur déjà présent et peut, parfois, mener au malheur.